Le projet se propose de replacer les boucles de la Seine, de Rouen au Havre, sur la prairie pentue située entre le logis abbatial et le chœur de Notre-Dame; ainsi inscrites dans leur intégralité mais à échelle réduite - toute carte étant une modélisation et donc par définition une abstraction et une simplification de la réalité – elles confèrent une place centrale à tout le site de Jumièges.
Le dispositif sculptural au déroulement graphique est constitué d’une longue ligne serpentine de 235 m de long, réalisée en graviers de marbre bleu vert.
D. Bailly
[…] Le projet de Dominique Bailly offre un modèle réduit du cours de la Seine le long duquel est sise l’abbaye. Ainsi est-on hors du site tout en étant dedans puisqu’on peut le percevoir en sa totalité – comme si on le survolait – et le parcourir en « raccourci » comme si l’on était chaussé de bottes de sept lieues. On marche à la fois sur une carte et dans un paysage en redonnant au plan un horizon qu’il ne connaît pas, tout en permettant à l’espace physique de trouver une définition graphique qui n’en est cependant qu’une abstraction.[…] À Jumièges, le tracé des boucles de la Seine sur la pelouse devient une image immobile de l’écoulement du fleuve qui a toujours symbolisé le temps. Cette image, nous pouvons ainsi la contempler, mais aussi l’animer d’une certaine façon en avançant sur ses bords comme on marcherait le long des berges le court moment d’une visite que seule la photographie aura pérennisée, bien longtemps encore après que nous y serons passés.
Extrait du texte de Gilles Tiberghien, catalogue Jumièges- A ciel ouvert, 2013
